« Faire maisonnée, c’est le terme que j’ai choisi pour désigner des relations suivies, précises, denses, organisées autour de la subsistance commune. […] faire maisonnée c’est partager de la quotidienneté. […] Les maisonnées […] constituent un mode de regroupement humain fondé sur la cohabitation résidentielle de genres et d’âges distincts, apparentés et non apparentés, incluant une cohorte d’animaux, de plantes domestiquées et d’animaux, mais aussi tout un périmètre qu’en permaculture on qualifierait de « zone sauvage ».

Geneviève Pruvost, « Pour un écoféminisme de la fabrique collective : géopolitique de la maisonnée », Françoise d’Eaubonne, Ecologie/féminisme, Le passager clandestin, 2023.

Marie Preston, Reliure après arpentage, Osier et saule, 2023. Photo : Marie Preston
Maisonner est une résidence de territoire menée à l'invitation de la MJC André Malraux de Montbard pendant laquelle je propose d'enquêter par le prisme de l’écoféministe. « Maisonner » consiste à faire collectif, réseau d’entre-aide, à mutualiser nos outils et savoirs, à partager les tâches de subsistance sans distinction genrée. Que nos milieux de vie soient ruraux ou urbains, il s’agit de considérer le travail domestique en dehors de son industrialisation. Quelles activités quotidiennes de subsistance et ancrées dans un milieu de vie humain et non-humain existent à Montbard et dans le Montbardois ? Quels savoirs vernaculaires continuent d’être transmis ? Quelle est la place des femmes dans ces pratiques ? Dans une perspective d’éducation populaire politique, cette enquête sur nos pratiques quotidiennes de subsistance vise l’émancipation. Nous souhaitons qu’elle soit performative. 

La résidence se construit de manière coopérative avec différents groupes : l'équipe de la MJC, un groupe de collégien·ne·s, Bricol'art et un collectif d'habitant·e·s du quartier du Faubourg. Il s’agit d’aller ensemble à la rencontre de milieux de vie et d’écouter des récits d’activités pour faire recherche et art en commun. Un arpentage du livre Quotidien politique de la sociologue du travail Geneviève Pruvost ainsi que de l'ouvrage Rêver l'obscure de Starhawk a déjà réuni un groupe de lecture. 
 
 

En décembre 2022, je découvre la rue du Faubourg. En janvier 2023, je la parcours longeant les maisons dont de nombreuses sont à vendre, jusqu’à une zone maraîchère où serres et cabanes attendent le printemps. Il neige, il est très tôt. Des volets s’ouvrent sur mon passage. Mon appareil photo en bandoulière semble attiser les curiosités. Ce sont des membres de la MJC, habitant·e·s de ce quarter qui m’y ont mené. Je me demande, comment on « maisonne » aujourd’hui au Faubourg. Je propose à quelques personnes de mener l’enquête avec moi à propos des pratiques de subistance passées et contemporaines du quartier. Nous nous rencontrons d’abord à la MJC en janvier et traçons une carte pour y inscrire les lieux dont nous discutons. Il est question de cafés, de lavoirs, d’un étang, de vouivres, de jardins, d’un corbeau. Depuis, d’autres rencontres mensuelles ont eu lieu en marchant, en pique-niquant, en installant une grande table dans la rue pour compléter notre carte. En parallèle, nous rencontrons individuellement des habitantes, fils rouge et mémoires du quartier. 

 

 
© Marie Preston
 



La résidence au collège Louis Pasteur de Montbard (de janvier à juin 2023) a donné lieu à une exposition inaugurée le vendredi 23 juin 2023 à la MJC. Elle a été réalisé avec les élèves de 5èmeb, leurs enseignant·e·s et l'aide précieuse des agent·e·s d'entretien, de l'administration et de l'infirmière du collège. 

Cette exposition rend compte d'une enquête autour de la notion de subsistance et de la répartition genrée des tâches qu'elle requiert. Les élèves ont enquêté à l'intérieur du collège et au sein de leur famille. Le processus de travail les a également menés à s'interroger plus globalement sur les rapports entre filles et garçons au sein de leur classe.

 

© Marie Preston
© Marie Preston
© Marie Preston
© Marie Preston